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Jacques Sadoul, directeur des collections littéraires J'Ai Lu - SF et J'Ai Lu Aventure Mystérieuse (spécialiste également de bandes dessinées). Fît publier dans la série Aventure Mystérieuse huit ouvrages de Jacques Bergier entre 1970 et 1978. Membre du jury du premier prix de science-fiction français "Apollo" en 1972, en compagnie de Bergier bien sur... mais aussi de Michel Lancelot, René Barjavel, Jacques Goimard, Michel Demuth, François Le Lionnais, Alain Robbe-Grillet... -~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~~-~-
OPINION D'UN SCRIBE DE MIRACLES :
JACQUES BERGIER
Si nous pouvions voir devant nous le monde merveilleux des romans d'aventure de notre jeunesse, le Londres d'Edgar Wallace et de Sax Rohmer, l'Egypte de Rider Haggard, l'Atlantide de Conan Doyle, serions nous deçus ? La réponse est: non.
Car le dessinateur belge contemporain Edgar P. Jacobs nous reconstitue ce monde merveilleux avec une extraordinaire précision dans le détail.
Les principaux albums de Jacobs sont : "Le secret de l'Espadon I", "le secret de l'Espadon II", "Le mystère de la Grande Pyramide I", "le Mystère de la Grande Pyramide II", "la Marque Jaune", "I'Enigme de l'Atlantide".
Celui que je préfère c'est "la Marque Jaune". Il suffit d'ouvrir ces pages merveilleuses pour être plongé dans le brouillard de Londres, tellement épais que c'est à peine si on entrevoit le casque d'un policeman ou le visage sinistre d'un chinois. A travers ce brouillard, les deux héros de Jacobs, Mortimer le savant et Blake l'agent secret, poursuivent la Marque Jaune, le criminel dont les savants officiels se sont moqué et qui s'en venge terriblement. Si je connaissais la Marque Jaune, avec quelle joie je le lancerais sur l'Union Rationaliste et l'Association Française des Ecrivains Scientifiques, jusqu'à extermination du dernier officiel! La marque Jaune a un thème scientifique: un écran de radiations à l'abri des balles. Mais il est secondaire, tandis que dans les autres Jacobs, il est essentiel.
C'est en particulier le cas de "I'Enigme de l'Atlantide" que la plupart des lecteurs de Jacobs préfèrent. L'Atlantide de Jacobs est une Atlantide sous les Açores, du côté de O. Foro do Diablo.
C'est l'Atlantide classique dans l'Atlantique, comme le nom l'indique.
La science moderne préfère l'Atlantide de l'île de Théra, en Méditerranée. Mais la question ne sera jamais définitivement tranchée, et chacun a droit à ses opinions. Ce qu'il y a de fascinant dans le réçit de Jacobs, c'est que son Atlantide n'est pas en ruines. Elle existe toujours à notre époque. On peut y pénétrer, ce qui donne à Mortimer et Blake l'occasion de voir l'empire souterrain des Atlantes, leurs navires interplanétaires qui donnent l'explication des soucoupes volantes, tout un monde merveilleusement créé.
Finalement, les Atlantes quitteront leur Atlantide assiégée par des Barbares et leurs navires de l'espace iront coloniser les autres planètes. Peut-être un jour les verra-t-on revenir.
Par la qualité du détail, l'importance de la recherche, les animaux préhistoriques, les grands cataclysmes, les engins scientifiques extraordinaires, "l'énigme de l'Atlantide" est à mon sens le meilleur de Jacobs sur le plan science-fiction.
Mais "Le Mystère de la Grande Pyramide", en deux albums, est presqu'aussi remarquable. Là aussi, il y a un énorme, un fantastique travail de recherches. "I'Enigme de l'Atlantide" rejoint à mon sens les meilleurs livres sur l'Atlantide toujours vivante, notamment "La Ville du Gouffre" de Conan Doyle. L'Atlantide toujours vivante est également évoquée par H. P. Lovecraft dans "A travers les Portes de la Clef d'Argent" où il parle de :
"Atlaanat écrasée par les âges, dont peu de gens osent parler".
Mais quand je pense à l'Atlantide, c'est finalement à Jacobs que je pense. Evidemment, je ne crois pas aux soucoupes volantes, ni à l'existence dans le passé de civilisations technologiques du calibre de la notre. N'empêche que l'image de Jacobs, de la dernière soucoupe partant lorsque le barrage est rompu et que les eaux de l'océan tombent sur l'Atlantide reste dans mon imagination.
Jacobs s'est aussi intéressé aux voyages dans le temps, dans un album intitulé "Le Piège Diabolique".
Avec Hergé, il représente bien l'école belge de la bande dessinée: détails vraisemblables, pas de délire, énorme documentation.
C'est un autre style que celui de Philippe Druillet qui est le chef de file de l'école française, mais c'est également un style très intéressant. La bande dessinée commence à recevoir l'attention qui lui était due et on trouve en librairie aussi bien les albums de Jacobs que ses extraordinaires illustrations de "la Guerre des Mondes" de Wells.
JACQUES BERGIER - 1973
("Edgar.Pierre Jacobs, 30 ans de bandes dessinées" - Ed.Alain Littaye)
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Gaëlle Mann parle de Bergier:
http://gaelle.hautetfort.com/archive/2008/07/07/hitler-au-musee-de-cire-de-berlin.html
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André "Jérôme" LABARTHE (photo page "Témoignages"):
Eut une formation de scientifique avant-guerre, et devint alors le directeur d'un groupe de laboratoires français. Il partagea un appartement à Paris avec Jean Moulin dont il fut l'ami, et un espion bolchévique avéré dénommé Stanislas Szymanczyk. Il fut également jeune député socialiste et directeur du cabinet du ministère de l'Aviation de Pierre Cot durant le Front Populaire, ainsi que chargé de cours de mécanique à la faculté de la Sorbonne avant-guerre. Il prétendait par ailleurs être le fils naturel de Maeterlinck et d'une femme de ménage parisienne !
A Londres (nom de guerre "Jérôme"), il fut l'amant déclaré de Martha Lecoutre de 1940 à 1944 (devenue Marthe au retour en France), et devint très vite journaliste et directeur officiel du journal "La France Libre", en opposition avec Charles de Gaulle, alors que Raymond Aron en était le rédacteur en chef. Labarthe fut suspecté de transmission de renseignements aux bolchéviques.
Au sortir de la guerre, il devint rapidement directeur du mensuel "Constellation" dès sa création en 1948, sorte de Reader's Digest français se voulant être le rival de ce dernier. Comble de l'ironie, les américains de SdRDigest le contacteront alors pour une tentative de controle de sa revue... par avance vouée à l'échec! Il était alors l'époux de Denise Picard, l'une des deux secrétaires de "Constellation". A la disparition du mensuel en 1971, il fut nommé quelques temps directeur du mensuel Science et Vie. Il écrira également des livres sur le sport automobile au début des années 60'.
Labarthe finira ses jours en compagnie de "Naoum"... chauffeur (au visage plutot ingrat) attitré du mensuel Constellation pour les reportages éloignés de la rédaction !
- Stanislas "Staro" (prononcer "Starou") Szymanczyk: polonais de la région de Teschen. Officier dans l'armée polonaise durant la guerre de 1914-1918, il s'exila ensuite à Moscou durant de longues années... avant d'être envoyé à Paris, puis de partir pour Londres au tout début des hostilités. Espion bolchévique en fait, il sera critique militaire à "La France Libre", avec l'aide de Raymond Aron pour la rédaction de ses articles. Il fut l'époux de Liliane Cohen, l'autre secrétaire de Constellation, qui mit au propre et signa de son vrai nom de jeune fille les articles conçus par son mari pour la revue.
- Martha Lecoutre: juive originaire de Varsovie, "intelligente, volubile et agréable" (d'après Raymond Aron). Secrétaire de "La France Libre" à Londres, elle fut elle aussi suspectée d'avoir transmis alors des renseignements aux communistes. Elle fut ensuite trésorière de "Constellation", et bailleuse de fonds de cette revue grace à ses capitaux familiaux.
(renseignements fournis en partie par les "Mémoires" de Raymond Aron, et par madame veuve Jehanne d'Eaubonne Jean-Charles)
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